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Quand l’agrobusiness détruit et affame ! L’histoire de milliers de petits paysans.

(Article proposé par Éric DECHAMP)

« SOUTENIR LES PAYSANS,
C’EST LUTTER EFFICACEMENT CONTRE LA FAIM ! »

C’est l’histoire de Roberta, paysanne ayant une petite exploitation de moins d’un hectare où elle cultive des oranges avec son mari au Brésil. Chaque semaine, elle va au marché local pour vendre sa production. Mais cela devient de plus en plus difficile pour elle de vendre ses fruits parce que d’autres oranges sont vendues bien moins cher et les clients privilégient donc les oranges meilleur marché.

 

Roberta a 4 enfants mais avec les 5 oranges qu’elle a vendues aujourd’hui, elle ne pourra leur donner qu’un bol de riz à partager. Et ce ne sera pas possible non plus de payer les frais scolaires pour le trimestre qui commence.

Les oranges vendues par son voisin au marché, elles sont cultivées sur des milliers d’hectares par une très grosse entreprise qui exporte une bonne partie de sa production. Roberta voudrait bien diminuer le prix de ses oranges et les vendre au même prix que celles de son voisin mais alors, elle n’aura plus aucun bénéfice et ne parviendra pas à couvrir ses frais de production.

Que faire si on ne lui achète plus d’oranges ? Comment va-t-elle nourrir sa famille et permettre à ses enfants d’aller à l’école ? Faut-il arrêter de cultiver et partir chercher du travail en ville ? quitter sa petite maison, sa terre,  ses amis et le village où elle a toujours vécu ?

Cette histoire, c’est l’histoire de centaines de milliers de petits paysans et petits pêcheurs en Afrique, en Amérique Latine, en Asie mais peu à peu également chez nous. C’est l’histoire du combat des petits agriculteurs, producteurs et pêcheurs face à l’agrobusiness qui place le profit avant tout.

« SOUTENIR LES PAYSANS,
C’EST LUTTER EFFICACEMENT CONTRE LA FAIM ! »

Nous avons souvent fermé les yeux sur les vraies causes des famines, attribuées dans nos mémoires formatées, à ce terrible « manque de productivité qu’il faut bien admettre », suivant le récent folder d’une ONG compatissante, alors que les guerres, les invasions, les déportations, les maladies, les spoliations de toutes sortes et de tous temps (ajoutons-y quelques cataclysmes naturels) ont toujours été à la source de ces dramatiques déséquilibres.

Comment ignorer, en revanche, que tous les peuples de la Terre, à travers siècles et continents, et jusqu’aux endroits réputés les plus inhospitaliers (haute montagne, déserts arides, régions polaires) ont fait preuve d’une remarquable ingéniosité et de multiples savoir-faire, adaptant au mieux ressources et besoins pour un juste équilibre ?

Le nouveau dogme, c’est celui de la technologie productiviste. Aux mains, bien sûr, des affairistes de tout poil. Ce qui nous vaut aujourd’hui, en fait d’équilibre, ce double fléau mondial de la malnutrition et… de l’obésité !

Il n’empêche. Tant de projets plus innovants les uns que les autres, venus d’Occident (et d’ailleurs), débarquent chaque jour chez ces peuples ignares à qui il faut tout apprendre (même à pêcher). Tandis que nous – les moins démunis en tout cas – nous continuons à consommer, jour après jour, un peu plus de leurs terres, de leurs forêts, de leurs mers à travers la pompe aspirante du grand commerce mondial.